Financé par le programme d’accueil de jeunes chercheurs de l’ANR, et coordonné par Oleg Korneev, le projet GlobalContest vise à explorer les contestations persistantes des interventions des organisations internationales (OIs) dans le cadre de la gouvernance mondiale par les Etats censément « faibles » et l’impact de telles contestations sur les OIs.
Théoriquement le projet est organisé autour de l’analyse des contestations de la gouvernance mondiale et de leurs effets à travers les théories du don et du contre-don qui naît au sein de l’anthropologie sociale et se développe dans l’économie politique internationale portant sur les questions telles que l’aide internationale. La dimension internationale (mondiale) du don reste en effet peu explorée. D’autre part les études des OIs et de leurs activités issues de la gouvernance mondiale ont tendance à s’orienter vers l’impact de celles-ci sur « le terrain » et sur acteurs « locaux ». Cependant une influence inverse exercée par les acteurs « locaux » et par « le terrain » sur les OIs reste en marge. Le présent projet s’intéresse à des possibles transformations des OIs au niveau micro (pratiques et discours individuels), niveau meso (pratiques et discours organisationnels sur le terrain), et niveau macro (pratiques et discours organisationnels au-delà du terrain).
Empiriquement l’étude des contestations de la gouvernance mondiale est menée au regard des quatre Etats post-Soviétiques de l’Asie Centrale couramment considérés comme « fragiles » ou « faibles » qui représentent un terrain mal exploré – le Kirghizstan, le Tadjikistan, le Turkménistan and l’Ouzbékistan. Le choix de l’Asie Centrale est particulièrement justifié par son contexte mixte postcolonial et post-Soviétique ainsi que par l’attention de différents acteurs internationaux vis-à-vis des Etats de l’Asie Centrale dont certains sont pris comme exemple d’Etat « faible ». La mise en évidence de la diversité des contestations de la gouvernance mondiale en Asie Centrale permettra d’expliquer des dynamiques similaires ou leur absence dans d’autres contextes post-Soviétiques et postcoloniaux, et par conséquent contribuera à mesurer mieux les transformations des OIs issues de telles interactions. Cette étude se concentrera sur les diverses OIs présentes dans la région et agissant dans les domaines du développement, de la sécurité, de la migration, des droits de l’homme et de l’égalité des sexes.
Méthodologiquement le projet est inspiré par le « tournant pratique » assez récent en relations internationales. Explorer les interactions entre OIs et Etats « faibles » en tant que cas du don et du contre-don sur le plan international comprenant les pratiques d’acceptation, de refus et de réciprocité est prometteur pour prendre la mesure de l’impact de telles interactions sur la gouvernance et sur les « gouverneurs » eux-mêmes. En se fondant sur la combinaison de trois stratégies (investiguer des sites, étudier des controverses et suivre les concepts), le projet intègrera les résultats de « field-guided practice tracing » et « theory-guided process tracing ». L’analyse des contestations de la gouvernance mondiale implique des études des controverses relatives à certains concepts comme pratiques transformatives contextualisées par les différents sites et acteurs « locaux ».